Entretien exclusif avec Caroline Roby en charge de développer les dons matériels du Parlement européen

Dans cette interview, nous avons le plaisir de discuter avec Caroline Roby, qui nous dévoile comment le Parlement européen s'engage activement dans des initiatives de don de biens matériels. Ce processus, qui s'appuie sur des critères rigoureux et transparents, permet de s'assurer que chaque don atteint des associations sélectionnées avec soin.

Quels types de biens matériels sont donnés par le Parlement et comment s’organise la collecte ?

Caroline Roby : « Depuis de nombreuses années déjà, le Parlement européen fait don de certains biens dont l’institution n’a plus l’usage. Il s’agit par exemple de mobilier déclassé donné à une association caritative ou des invendus alimentaires proposés aux personnes dans le besoin par l’entremise de différentes associations. Au-delà du simple don de biens, des actions solidaires ponctuelles ont également été menées comme, par exemple, l’hébergement de femmes sans abri au sein d’un bâtiment du Parlement pendant la crise du Covid.

Il y a 2 ans, on s’est dit qu’on pouvait élargir davantage notre champ d’action et donner une seconde vie à un plus large éventail de biens. 

Au début, on a réfléchi aux procédures qu’on pourrait mettre en place pour créer une dynamique fiable et pérenne. Mais dès l’année dernière (2023), c’est 130 m³ qui ont pu être donnés à des associations ! Cela va du stylo ou fournitures de bureau au grand meuble pour le courrier (pigeonnier), en passant par des racks à vélo ou de la vaisselle.

Un autre exemple est celui des chauffeurs et du personnel de sécurité du Parlement dont certains nous font don de leurs anciens uniformes, que nous proposons ensuite à une association qui aide les personnes en (ré)insertion dans leur recherche d’emploi.

À titre privé, les collègues du Parlement européen sont eux-mêmes invités à déposer des articles comme des vêtements d’enfants, des jeux, des articles de puériculture, etc. qui sont collectés et redistribués aux organisations. »

Est-ce que vous contactez les organisations en fonction de ce que vous avez à donner ou les organisations vous contactent-elles directement ?

C.R. : « Jusqu’à présent, c’est principalement nous qui contactons les organisations. Nous identifions d’abord en interne les biens à donner et cherchons ensuite des organisations susceptibles d’être intéressées. Il arrive que nous ayons des objets atypiques qui ne conviennent pas à toutes les organisations, c’est pourquoi nous essayons de diversifier notre réseau. Parfois, certaines organisations nous contactent avec des demandes spécifiques, maintenant qu’elles connaissent notre action et que nous avons conclu avec elles une convention de partenariat. »

Quel est le processus et comment se passe l’analyse des organisations ?

C.R. : « Dans cette première phase pilote, nous nous limitons à des associations basées en Belgique. Nous sélectionnons des associations sans but lucratif dont les valeurs rencontrent celles du Parlement, qui sont apolitiques, laïques et financièrement transparentes. Pour s’assurer de cette transparence, nous utilisons entre autres la plateforme Donorinfo. Une fois qu’une organisation répond aux critères établis par le Parlement, un protocole d’accord est signé. Ce document formalise les termes de notre collaboration. »

Refaites-vous des dons aux mêmes organisations ou préférez-vous en faire bénéficier plusieurs ?

C.R. : « Nous avons des contrats renouvelables annuellement, ce qui nous permet de maintenir des relations sur le long terme.  Plus nous avançons, plus nous signons de conventions avec différentes organisations. Notre but est de pouvoir donner une seconde vie à un maximum de biens dont nous n’avons plus l’usage au Parlement. À chaque nouvelle convention établie, nous augmentons notre réseau de bénéficiaires. »

Faites-vous un suivi et dans quel but ?

C.R. : « Nous rencontrons régulièrement les organisations. Ces visites nous permettent de renforcer nos liens avec les gestionnaires de ces associations. De plus, cela fait plaisir de voir que nos dons sont utilisés à bon escient. Lors de nos visites aux associations, nous prenons des photos et les partageons avec nos collègues, ce qui motive tout le monde à continuer cette belle initiative. »

Les critères de sélection vont-ils évoluer ?

C.R. : « Nos critères de sélection évolueront probablement avec le temps. Par exemple, pour ce qui est du critère géographique, nous voulons d’abord consolider notre action en Belgique, mais nous envisageons déjà de collaborer avec des associations présentes à Strasbourg et Luxembourg où le Parlement est également présent. »

Faites-vous des annonces de demandes de matériel ou est-ce que les employés viennent directement vers vous ?

C.R. : « Nous utilisons plusieurs canaux de communication interne, comme le site intranet et des e-posters. Nous organisons aussi des réunions régulières pour expliquer notre démarche et informer des nouvelles initiatives. »

Comment vos collègues perçoivent-ils cette action ?

C.R. : « Les collègues sont très impliqués et motivés. Voir concrètement l’impact de leurs dons crée un sentiment de satisfaction et de solidarité, et renforce l’esprit de communauté au sein du Parlement. En impliquant directement les employés, nous augmentons non seulement le volume de dons, mais nous créons aussi un environnement de travail plus solidaire.

De façon générale, je pense pouvoir dire que c’est une grande fierté, pour le Parlement européen et pour tous ceux qui y travaillent, de pouvoir faire preuve de solidarité tout en allégeant l’impact environnemental de nos activités en contribuant à la réutilisation d’objets. »